Équipe IMIS - Imagerie Multimodale Intégrative en Santé

Différences entre les versions de « Chirurgie guidée par la métabolomique »

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Le métabolome, produit final de l’expression des gènes, est défini comme l’ensemble de petites molécules qui, avec les protéines, gèrent le fonctionnement de la cellule. Son utilisation dans le domaine biomédical a comme objectif de surveiller l’état métabolique cellulaire à un moment donné, de mieux comprendre les interactions biologiques complexes dans les tissus, d’étudier l’influence de l’environnement, de l’alimentation ou des médicaments et d’enfin identifier des biomarqueurs liés aux conditions spécifiques de pathologies. En comparaison avec les autres systèmes en « omique » (génomique, transcriptomique, protéomique), la métabolomique est un domaine relativement récent et en plein essor depuis le développement de la technique HRMAS (high resolution magic angle spectroscopy) en RMN (résonance magnétique nucléaire). Cette technique, même si sa sensibilité est largement inférieure à la spectroscopie de masse, permet de travailler à haut débit sur des échantillons tissulaires intacts et d’avoir une vue globale sur le système biologique choisi. Les méthodes d’analyses statistiques multi-variées (PCA, PLS) permettent ensuite d’étudier les changements métaboliques dans un domaine de pathologie par rapport au tissu sain et donnent la possibilité d’identifier des empreintes spécifiques de diagnostic, de pronostic et/ou de la réponse thérapeutique. <br />
 
Le métabolome, produit final de l’expression des gènes, est défini comme l’ensemble de petites molécules qui, avec les protéines, gèrent le fonctionnement de la cellule. Son utilisation dans le domaine biomédical a comme objectif de surveiller l’état métabolique cellulaire à un moment donné, de mieux comprendre les interactions biologiques complexes dans les tissus, d’étudier l’influence de l’environnement, de l’alimentation ou des médicaments et d’enfin identifier des biomarqueurs liés aux conditions spécifiques de pathologies. En comparaison avec les autres systèmes en « omique » (génomique, transcriptomique, protéomique), la métabolomique est un domaine relativement récent et en plein essor depuis le développement de la technique HRMAS (high resolution magic angle spectroscopy) en RMN (résonance magnétique nucléaire). Cette technique, même si sa sensibilité est largement inférieure à la spectroscopie de masse, permet de travailler à haut débit sur des échantillons tissulaires intacts et d’avoir une vue globale sur le système biologique choisi. Les méthodes d’analyses statistiques multi-variées (PCA, PLS) permettent ensuite d’étudier les changements métaboliques dans un domaine de pathologie par rapport au tissu sain et donnent la possibilité d’identifier des empreintes spécifiques de diagnostic, de pronostic et/ou de la réponse thérapeutique. <br />
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Les travaux de recherche de ce thème s’organise autour de 2 projets principaux : CARMeN et extempoRMN. <br />
  
Le premier objectif de ce thème est de poursuivre l’étude du métabolisme in vitro, dans plusieurs domaines de la cancérologie en continuant de créer une base de données de la métabolomique afin :
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'''Projet CARMeN'''<br />
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Labellisé le 20 décembre 2006 par le Pôle de Compétitivité Innovations Thérapeutiques de la Région Alsace (nouvellement Alsace BioValley) à travers un consortium entre les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, l’Université de Strasbourg, le CNRS et Bruker BioSpin, le projet CARMeN a été financé à la hauteur de 2,7 millions € pour créer une base de données de la métabolomique en cancérologie, avec une stratégie qui consiste à utiliser l’empreinte métabolique de la tumeur, pour l’identification précoce des cancers à haut risque.<br />
# d’établir l’inventaire des métabolites présents dans chaque sous-type de tumeur;
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Grâce à ce financement, l’implantation du premier spectromètre RMN HRMAS (500 MHz) dans le milieu hospitalier a pu être réalisé fin 2007 au sein même du Service d’Anatomie Pathologique à l’Hôpital de Hautepierre. La proximité avec le Service d’Anatomie Pathologique, où toute la logistique de la tumorothèque fonctionne, nous a permis d’accéder rapidement et en toute sécurité à un grand nombre d’échantillons provenant des salles d’opération, de mettre en place des circuits garantissant des délais d’ischémie très faibles et une qualité exceptionnelle d’échantillons tissulaires après vérification histopathologique. Dans la période 2011-2015, des collaborations avec les équipes médicales et scientifiques ont été développées afin d’exploiter les données de la métabolomique en cancérologie avec plus de 5000 échantillons analysés par notre équipement à partir des échantillons provenant des salles d’opération des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et d’autres CHU (Marseille, Nancy, Lyon, Besançon), mais également de l’expérimentation animale. <br />
# d’évaluer l’hétérogénéité intrinsèque des tumeurs ;
 
# de rechercher des empreintes métaboliques prédictives de mauvais pronostic et/ou de la réponse thérapeutique. De plus, nous poursuivrons et amplifierons la même démarche, en recherche clinique et pré-clinique, dans divers domaines des neurosciences (épilepsie et la sclérose en plaques), en rhumatologie, ainsi qu’en transplantation pulmonaire (collaboration avec la société TransMedics de Boston).
 
  
L’étape suivante, porte sur le développement et la mise en place de l’imagerie spectroscopique in vivo de métabolites enrichis au 13C  permettant le suivi du métabolisme en temps réel combiné avec l’imagerie morphologique en IRM chez le petit animal. Cette technologie, en plein développement, permet non seulement de localiser la molécule administrée, mais également de détecter et de quantifier les métabolites intermédiaires, de déterminer le devenir de la molécule et d’étudier les interactions dans les tissus. Dans ce projet, nous  projetons de développer des techniques d’hyperpolarisation par le para-hydrogène sur des métabolites présentant un intérêt spécifique en médecine, à commencer par le glucose, le pyruvate et l’acétate. La société Bruker BioSpin mettra à disposition de l’Université de Strasbourg un prototype de générateur de para-hydrogène ainsi qu’un polariseur. <br>
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Le succès du projet dans le domaine de la cancérologie a entraîné une dynamique de la recherche préclinique et clinique dans plusieurs domaines de la médecine en :
Les méthodes chromatographiques couplées à la spectrométrie de masse représentent une alternative complémentaire aux modalités citées ci-dessus pour la quantification de métabolites difficilement détectables. La sensibilité des techniques couplées à la spectrométrie de masse permettra de compléter la description des voies métaboliques préalablement identifiées par technique RMN. En collaboration avec le Laboratoire de Spectrométrie de Masse Bio-Organique (LSMBO, UMR 7178), une étude est actuellement menée sur des tumeurs de la surrénale (neuroblastomes) afin de compléter les données préalablement obtenues en spectroscopie HRMAS. De nouvelles études utilisant les propriétés complémentaires des deux modalités HRMAS et spectrométrie de masse sont envisagées notamment dans le cadre de la transplantation d’îlots pancréatiques dans le foie (traitement du diabète de type 1) en collaboration avec le Centre européen d’étude du Diabète (CeeD). L’analyse des profils métaboliques du tissu greffé et du sérum représente un outil d’intérêt pour comprendre la cinétique des événements moléculaires liés à la perte de viabilité des îlots après transplantation.
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* Transplantation pulmonaire.
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* Neurologie. Un brevet : « Méthode de diagnostic différentiel discriminant la sclérose en plaques de la maladie de Devic » (FR 2990514, date de publication 17.10.2014 ; date de priorité 14.05.2012).
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* Dermatologie (peau artificielle).
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* Ischémie viscérale.
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* Agroalimentaire.
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* Méthodologie RMN et statistiques.
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'''Projet extempoRMN'''<br />
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Fort de l’expérience CARMeN, nous avons développé au cours de ce quinquennat un nouveau projet dont l’objectif est de proposer une analyse du profil métabolique par RMN HRMAS des tumeurs cérébrales pendant l’intervention chirurgicale dans un lapse de temps suffisamment court (de l’ordre de 15 min) susceptibles de compléter l’analyse histopathologique en extemporanée. Le projet a été labellisé le 11 décembre 2012 par le Pôle de Compétitivité « Alsace BioValley » et est financé dans le cadre d’un Projet BpiFrance ISI (27 mars 2013) à la hauteur de 12,7 millions €, à travers un consortium entre les industriels Bruker BioSpin et Ariana, les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, l’Université de Strasbourg et le CNRS.<br />
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Actuellement, nous sommes capables de fournir des informations sur le degré de malignité de la tumeur et de détecter la présence de mutation du gène IDH indicatrice de meilleur pronostic. Nous analysons également plusieurs prélèvements provenant de la cavité d’exérèse afin de détecter d’éventuelles infiltrations tumorales résiduelles. Nous envisageons de projeter le résultat de chaque analyse sur le système de neuronavigation, avec un code couleur, directement sur l’IRM correspondant à la localisation du prélèvement. Cette approche que nous avons qualifier de « chirurgie guidée par la métabolomique » est donc susceptible de modifier l’intervention chirurgicale en cours et d’orienter le neurochirurgien vers une extension de l’exérèse si nécessaire. Une fois la méthode validée en neurochirurgie, une extension à d’autres domaines de la cancérologie (pancréas, sein) seront également considérées.<br />

Version du 14 avril 2016 à 11:52

Le métabolome, produit final de l’expression des gènes, est défini comme l’ensemble de petites molécules qui, avec les protéines, gèrent le fonctionnement de la cellule. Son utilisation dans le domaine biomédical a comme objectif de surveiller l’état métabolique cellulaire à un moment donné, de mieux comprendre les interactions biologiques complexes dans les tissus, d’étudier l’influence de l’environnement, de l’alimentation ou des médicaments et d’enfin identifier des biomarqueurs liés aux conditions spécifiques de pathologies. En comparaison avec les autres systèmes en « omique » (génomique, transcriptomique, protéomique), la métabolomique est un domaine relativement récent et en plein essor depuis le développement de la technique HRMAS (high resolution magic angle spectroscopy) en RMN (résonance magnétique nucléaire). Cette technique, même si sa sensibilité est largement inférieure à la spectroscopie de masse, permet de travailler à haut débit sur des échantillons tissulaires intacts et d’avoir une vue globale sur le système biologique choisi. Les méthodes d’analyses statistiques multi-variées (PCA, PLS) permettent ensuite d’étudier les changements métaboliques dans un domaine de pathologie par rapport au tissu sain et donnent la possibilité d’identifier des empreintes spécifiques de diagnostic, de pronostic et/ou de la réponse thérapeutique.
Les travaux de recherche de ce thème s’organise autour de 2 projets principaux : CARMeN et extempoRMN.

Projet CARMeN
Labellisé le 20 décembre 2006 par le Pôle de Compétitivité Innovations Thérapeutiques de la Région Alsace (nouvellement Alsace BioValley) à travers un consortium entre les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, l’Université de Strasbourg, le CNRS et Bruker BioSpin, le projet CARMeN a été financé à la hauteur de 2,7 millions € pour créer une base de données de la métabolomique en cancérologie, avec une stratégie qui consiste à utiliser l’empreinte métabolique de la tumeur, pour l’identification précoce des cancers à haut risque.
Grâce à ce financement, l’implantation du premier spectromètre RMN HRMAS (500 MHz) dans le milieu hospitalier a pu être réalisé fin 2007 au sein même du Service d’Anatomie Pathologique à l’Hôpital de Hautepierre. La proximité avec le Service d’Anatomie Pathologique, où toute la logistique de la tumorothèque fonctionne, nous a permis d’accéder rapidement et en toute sécurité à un grand nombre d’échantillons provenant des salles d’opération, de mettre en place des circuits garantissant des délais d’ischémie très faibles et une qualité exceptionnelle d’échantillons tissulaires après vérification histopathologique. Dans la période 2011-2015, des collaborations avec les équipes médicales et scientifiques ont été développées afin d’exploiter les données de la métabolomique en cancérologie avec plus de 5000 échantillons analysés par notre équipement à partir des échantillons provenant des salles d’opération des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et d’autres CHU (Marseille, Nancy, Lyon, Besançon), mais également de l’expérimentation animale.

Le succès du projet dans le domaine de la cancérologie a entraîné une dynamique de la recherche préclinique et clinique dans plusieurs domaines de la médecine en :

  • Transplantation pulmonaire.
  • Neurologie. Un brevet : « Méthode de diagnostic différentiel discriminant la sclérose en plaques de la maladie de Devic » (FR 2990514, date de publication 17.10.2014 ; date de priorité 14.05.2012).
  • Dermatologie (peau artificielle).
  • Ischémie viscérale.
  • Agroalimentaire.
  • Méthodologie RMN et statistiques.


Projet extempoRMN
Fort de l’expérience CARMeN, nous avons développé au cours de ce quinquennat un nouveau projet dont l’objectif est de proposer une analyse du profil métabolique par RMN HRMAS des tumeurs cérébrales pendant l’intervention chirurgicale dans un lapse de temps suffisamment court (de l’ordre de 15 min) susceptibles de compléter l’analyse histopathologique en extemporanée. Le projet a été labellisé le 11 décembre 2012 par le Pôle de Compétitivité « Alsace BioValley » et est financé dans le cadre d’un Projet BpiFrance ISI (27 mars 2013) à la hauteur de 12,7 millions €, à travers un consortium entre les industriels Bruker BioSpin et Ariana, les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, l’Université de Strasbourg et le CNRS.
Actuellement, nous sommes capables de fournir des informations sur le degré de malignité de la tumeur et de détecter la présence de mutation du gène IDH indicatrice de meilleur pronostic. Nous analysons également plusieurs prélèvements provenant de la cavité d’exérèse afin de détecter d’éventuelles infiltrations tumorales résiduelles. Nous envisageons de projeter le résultat de chaque analyse sur le système de neuronavigation, avec un code couleur, directement sur l’IRM correspondant à la localisation du prélèvement. Cette approche que nous avons qualifier de « chirurgie guidée par la métabolomique » est donc susceptible de modifier l’intervention chirurgicale en cours et d’orienter le neurochirurgien vers une extension de l’exérèse si nécessaire. Une fois la méthode validée en neurochirurgie, une extension à d’autres domaines de la cancérologie (pancréas, sein) seront également considérées.